Dernière survivante des family houses en Angleterre, Frimhurst, dans le Surrey, est la propriété d’ATD Quart-Monde. Belle bâtisse anglaise aux lourds rideaux et entourée d’un parc, elle se fait le havre de paix des familles d’Angleterre qui vivent dans des conditions d’extrême pauvreté.
Accueillis à l’entrée par des membres d’ATD Quart-Monde, nous entrons dans la maison. Donnée à l’association caritative en 1968 par sa propriétaire Grace Goodman, elle sert de refuge aux familles souffrant d’une extrême pauvreté, menaçant d’imploser. Pendant un minimum de six mois, ils peuvent prendre le temps de « réapprendre à vivre » durant cette pause que leur offre ATD. « La famille est au cœur de la maison » nous dit Michael, un volontaire d’ATD, « il s’agit de vivre tous ensemble, comme une grande famille ». Les témoignages et lettres de remerciement de ceux qui sont passés par la maison sont sans appel : « C’est un refuge, un havre de paix loin de tous les problèmes et difficultés de la vie » disent-ils tous. Une petite exposition dans une des pièces de la demeure rassemble les témoignages et petits mots des familles étant passées par Frimhurst.
Après la présentation de la family house, unique en son genre de par son histoire, la chorale, d’une vingtaine de membres, a fait redécouvrir au public des chansons sur le thème de la liberté, de la pauvreté mais aussi l’hymne des suffragettes « The March of the Women » dont la compositrice, Ethel Smyth, a vécu à Frimhurst lorsque la propriété était encore une demeure privée. Accompagnés d’un pianiste et parfois des spectateurs lorsque la chanson était connue, ils ont ainsi joué un medley de répertoires du rire aux larmes.
S’en est suivi alors le temps des confidences, des échanges d’expérience. « Si personne ne dit rien, rien ne changera » explique Eric, un habitué de la maison. Frimhurst lui a permis de réunir sa famille au bord de l’effondrement et de combattre cette solitude et exclusion qui vont souvent de pair avec l’extrême pauvreté. Le fait de parler avec d’autres dans la même situation, de recevoir des conseils, d’en donner a changé la donne. « Je me suis créé une famille que j’ai choisie, pas une que l’on m’a imposée » nous dit-il. En s’écoutant, ils ont pu apprendre à vivre et à s’en sortir. Angela, maman de trois enfants, a, à son tour, partagé ses difficultés avec nous. Ses deux filles lui ont été retirées et elle ne les a pas vues durant huit ans. Malmenée par une assistante sociale qui a cherché à l’enfoncer, elle s’est retrouvée piégée. ATD Quart-Monde, afin de limiter ce genre de conflit qui ne résulte en rien de positif, propose un programme de formation en collaboration avec les travailleurs sociaux. « Il manque dans leur apprentissage la compréhension de ce qu’est la pauvreté, il manque l’aspect humain » ajoute un membre d’ATD.
Tous sont unanimes : la pauvreté attire souvent des regards peu compréhensifs. Jugés à cause de ce qu’ils ont dû traverser, les témoins de Frimhurst ont trouvé à la family house une aide et une chaleur humaine incomparables. Eric rajoute : « Une fois mon séjour achevé, j’ai cherché un moyen de rendre à ATD ce qu’ils m’avaient donné. »
Voici donc l’histoire de Frimhurst, un récit d’échanges, de soutien mutuel et de compréhension !
Pour en savoir plus ou entendre des temoignages allez voir la video d'ATD quart monde : https://www.youtube.com/watch?v=Uz2qFZMC6r8